đŸŒŹïž On Vit On Parle Victor Hugo Analyse

VictorHugo : aprĂšs le coup d’État du 2 dĂ©cembre 1851 qu’il condamne vigoureusement (Histoire d’un crime), commence le long exil de Guernesey (1855-1870) qui rendit Victor Hugo cĂ©lĂšbre VictorHugo Ă©voque leur rencontre les doux moments passĂ©s ensemble mais aussi les Ă©preuves plus difficiles , les dĂ©saccords. Livre III : Les luttes et les rĂȘves : Ce livre de 30 poĂšmes est dĂ©diĂ© la pitiĂ©. Victor Hugo parle de la misĂšre dont il est tĂ©moin dans la sociĂ©tĂ© moderne. Ce livre lui permet de dĂ©noncer la guerre, la peine LareponseEndixmots. le 21/09/2014 Ă  20:47 Oui, , 2017. Les tĂȘtes seront rasĂ©es plus ou moins de prĂšs selon la facture Ă  payer, parole de patriote! LepoĂšme « Demain, dĂšs l’aube » commence par un alexandrin composĂ© de trois complĂ©ments circonstanciels de temps : l’adverbe « demain », les groupes prĂ©positionnels « dĂšs l’aube » et « Ă  l’heure oĂč blanchit la campagne ». L’emploi du futur simple « je partirai » (en rejet sur le deuxiĂšme vers) nous donne Ă  penser LePrintemps vu par Mr Victor Hugo 21 mars 2012. Le Printemps vu par Mr Victor Hugo Printemps Tout est lumiĂšre, tout est joie. L'araignĂ©e au pied diligent. Attache aux tulipes de soie . Les rondes dentelles d'argent. La frissonnante libellule. Mire les globes de ses yeux. Dans l'Ă©tang splendide oĂč pullule. Tout un monde mystĂ©rieux. La rose semble, rajeunie, Escuchay descarga los episodios de Noircir gratis. On vit, on parle, on a le ciel et les nuages Sur la tĂȘte ; on se plaĂźt aux livres des vieux sages ; On lit Virgile et Dante ; on va joyeusement Programa: Noircir. Canal: Noircir. Tiempo: 01:16 Subido 16/01 a Alorsqu'il revient d'un dĂźner chez Mme de Girardin, Victor Hugo est le tĂ©moin et l'acteur d'une scĂšne qui lui inspirera l'altercation de Fantine et de M. Bamatabois dans les MisĂ©rables. V. H. quitta d'assez bonne heure Mme de Girardin. C'Ă©tait le 9 janvier. Il neigeait Ă  flocons. Il avait des souliers minces, et, quand il fut dans la rue P5krAR. Ô cadavres, parlez ! quels sont vos assassins Quelles mains ont plongĂ© ces stylets dans vos seins ? Toi d'abord, que je vois dans cette ombre apparaĂźtre, Ton nom ? — Religion. — Ton meurtrier ? — Le prĂȘtre. — Vous, vos noms ? — ProbitĂ©, pudeur, raison, vertu. — Et qui vous Ă©gorgea ? — L'Ă©glise. — Toi, qu'es-tu ? — Je suis la foi publique. — Et qui t'a poignardĂ©e ? — Le serment. — Toi, qui dors de ton sang inondĂ©e ? — Mon nom Ă©tait justice. — Et quel est ton bourreau ? — Le juge. — Et toi, gĂ©ant, sans glaive en ton fourreau ? Et dont la boue Ă©teint l'aurĂ©ole enflammĂ©e ? — Je m'appelle Austerlitz. — Qui t'a tuĂ© ? — L'armĂ©e. Jersey, le 30 janvier 1852. Victor Hugo Kevin SCHWINNINGER 2 [Geben Sie Text ein] Commentaire ComposĂ© On vit, on parle... » est un poĂšme extrait du recueil les Contemplations » 1856 , composĂ© par Victor Hugo, auteur du XIXe siĂšcle 1802 – 1885. Ce livre est consacrĂ© Ă  LĂ©opoldine, fille de Hugo morte Ă  l’ñge de seulement dix-neuf ans. Ce fut dix ans plus tard, au retour du cimetiĂšre de Saint- MandĂ©, oĂč venait d’ĂȘtre inhumĂ©e Claire Pradier, la jeune fille de Juliette Drouet, Ă  savoir l’aimĂ©e de Victor Hugo, que le poĂšte trouve enfin les mots pour exprimer sa douleur. Cette Ɠuvre qui paraĂźt comme une biographie gĂ©nĂ©rale de l’homme, et donc aussi des lecteurs du poĂšme, a comme thĂšme la vie et la mort. Lors de sa lecture on a l’impression que l’auteur tire des conclusions, voire des leçons, de la mort des deux jeunes filles. Par consĂ©quence il va de soi que le poĂšme prend sa place dans un recueil portant le titre les Contemplations ». Se posent dĂšs lors les questions suivantes comment le poĂšte parvient- il Ă  nous donner la vision d’une vie que chacun d’entres -nous connaĂźt si b ien et quelle forme prend ce poĂšme ? Quels aspects de la vie et de la mort nous sont prĂ©sentĂ©s Ă  travers cette Ɠuvre ? Pourquoi le regard critique et rĂ©trospectif sont- ils parmi les facteurs les plus importants orientant l’analyse de ce poĂšme ? Le poĂšme est un monologue intĂ©rieur, caractĂ©risĂ© par l’omniprĂ©sence de l’auteur, qui se fonde dans un rĂ©cit d’actions. Le dĂ©roulement, voire l’ordre de la vie, tombent Ă  l’oeil de chaque lecteur. Dans cette Ɠuvre le poĂšte reprend toutes les Ă©tapes de sa vie. Au ver s 2- 3 il cite la formation en parlant des livres des vieux sages » et de Virgile et Dante 1 ». Plus loin, dans les vers 4 -5 il Ă©voque la vie sociale lorsqu’il parle de voiture publique » et de l’auberge et du gĂźte ». Par la suite Hugo aborde les amo urs dans les vers 6-8, les caractĂ©ristiques d’une vie en famille dans les vers 9 -12 et pour terminer les diffĂ©rentes formes de l’engagement dans une vie sociale. Une remarque intĂ©ressante Ă  faire sur cette progression linĂ©aire dans le poĂšme est celle, que les Ă©pisodes deviennent de plus en plus longs - la formation  2 vers - la vie sociale  2 vers - les amours  2 vers - la famille  3 vers 1 Virgile et Dante Ont tout les deux Ă©crit sur la descente vers l’enfer.. » X Pendant que le marin, qui calcule et qui doute, Demande son chemin aux constellations ; Pendant que le berger, l’Ɠil plein de visions, Cherche au milieu des bois son Ă©toile et sa route ; Pendant que l’astronome, inondĂ© de rayons, PĂšse un globe Ă  travers des millions de lieues, Moi, je cherche autre chose en ce ciel vaste et pur. Mais que ce saphir sombre est un abĂźme obscur ! On ne peut distinguer, la nuit, les robes bleues Des anges frissonnants qui glissent dans l’azur. Avril 1847. Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder en face » ? Chiche ! Je citais dans mon prĂ©cĂ©dent billet cette formule bien connue de La Rochefoucauld pour signaler combien Hugo, justement, outrepassait l’interdit posĂ© par le moraliste avec Les Contemplations, oĂč il prend la mort pour interlocuteur, et une morte sa fille LĂ©opoldine pour destinataire de de ce foisonnant recueil. Il me semble donc opportun de consacrer au moins un billet, dans le survol critique engagĂ© au sujet de ce livre, Ă  mieux comprendre ce que c’est que le deuil, ses formes, ses issues, ce que je ferai Ă  la lumiĂšre noire de ma propre expĂ©rience puisqu’aussi bien Hugo nous a prĂ©venus, dans sa prĂ©face, que cette histoire d’une Ăąme » et de ses passions ici mises en mots Ă©tait aussi la nĂŽtre. On dit dans le langage de la corrida que le torero fixe le taureau, en l’obligeant Ă  passer par les dĂ©tours des mouvements de sa cape, en l’enrĂŽlant Ă  sa fragile et scintillante silhouette. Au livre IV des Contemplations, Hugo fixe la mort de son enfant, en quelques poĂšmes qui nous touchent Ă  l’intime si nous avons nous-mĂȘmes perdu un ĂȘtre cher, et qui tĂ©moignent pour chaque lecteur des vertus salvatrices, cathartiques de l’écriture devant la mort, Ă©crire propose un remĂšde, une Ă©quivoque consolation. Mais il faut, dans le cas de Hugo, considĂ©rer que le deuil extrĂȘme de la mort de LĂ©opoldine s’encadre entre deux autres, la perte de sa mĂšre Ă©voquĂ© page 210 et que la mort de sa fille ravive À vingt ans , deuil et solitude ! », et la souffrance de l’exil, autre perte
 Un ĂȘtre cher est un ĂȘtre qui participe de ma propre chair, qui plonge en moi ses racines ou prolonge les miennes en lui ; une personne tellement enchevĂȘtrĂ©e Ă  mon corps et Ă  mon esprit que sa mort signifie un arrachement de moi-mĂȘme. Un seul ĂȘtre vous manque et tout est dĂ©peuplĂ© », Ă©crit Lamartine en un vers cĂ©lĂšbre L’Isolement » dans ses MĂ©ditations poĂ©tiques de 1820 ; il suffit de lire ce poĂšme assez miĂšvre pour saisir, par contraste, la force inouĂŻe du verbe hugolien, trĂšs supĂ©rieur en Ă©nergies re-crĂ©atrices et en puissances visionnaires. Alphonse de Lamartine Soyons juste pourtant la formule de Lamartine a le mĂ©rite de pointer ce phĂ©nomĂšne, bien analysĂ© par Freud dans son classique ouvrage Deuil et mĂ©lancolie 1914, selon lequel la mort de l’ĂȘtre cher entraĂźne d’une façon plus gĂ©nĂ©rale la mort du ou d’un monde, soudainement dĂ©prĂ©ciĂ©. VidĂ©. C’est tout mon environnement familier qui semble d’un coup dĂ©sinvesti ; comme si, explique Freud, vivre consistait Ă  placer notre force vitale, et quasi Ă©rotique, dans des objets Ă©lus dont la subite privation fait refluer sur le sujet cette perte. IdentifiĂ© au mort ou Ă  la morte, l’endeuillĂ© vit sa disparition comme celle d’une partie de son ĂȘtre propre, il s’éprouve amputĂ©, lui-mĂȘme frappĂ© Ă  mort, entraĂźnĂ© dans la tombe oĂč il rĂȘve de rejoindre l’objet aimĂ© dont il s’affirme insĂ©parable. Et ce vĂ©cu imaginaire de l’amputation peut se poursuivre par l’illusion du membre fantĂŽme bien connue en clinique, lorsque le manchot ou l’unijambiste se plaint de fourmillements ou de douleurs aux extrĂ©mitĂ©s du membre pourtant manquant. En soulignant dans sa prĂ©face que tout son livre est l’histoire d’une Ăąme, Hugo nous prĂ©pare bien je crois Ă  ces pĂ©ripĂ©ties imaginaires, aux trafics d’une identitĂ© instable, aux perceptions hallucinĂ©es d’un corps qui n’a pas exactement les contours physiques qu’on lui prĂȘte. La poĂ©sie traite avec l’ñme, et des passions de l’ñme, cette entitĂ© supĂ©rieure qui n’est pas superposable au corps ni Ă  la vie individuelle puisque notre Ăąme, nous l’avons dit supra, est Ă  comprendre comme un Ă©lan, un principe de dĂ©bordement et de mĂ©lange, de sympathies, de contacts ou d’imprĂ©vues communications. Par nos Ăąmes nous Ă©changeons, nous nous pĂ©nĂ©trons intimement, nous co-existons ou co-vivons avec d’autres Ăąmes, fort au-delĂ  de nos chĂ©tives barriĂšres corporelles. On peut donc lire dans Les Contemplations un traitĂ© du deuil, de son usage ou mode d’emploi, dont Hugo fixe par Ă©crit les Ă©tapes, les pĂ©ripĂ©ties et les insidieuses transformations. Combien de temps dura son deuil ? Personne ne peut le savoir puisque ce sentiment demeure chose mentale, impossible Ă  prescrire autant qu’à mesurer. Deux observations Ă  ce sujet mĂȘme si les dates donnĂ©es au bas des poĂšmes sont souvent fantaisistes, et destinĂ©es Ă  brouiller une chronologie trop simple, nous voyons qu’à Jersey oĂč il dĂ©barque pour y sĂ©journer trois annĂ©es en 1852, neuf ans aprĂšs l’accident donc, Hugo demeure hantĂ© par la mort de LĂ©opoldine, et par exemple par le regret tenaillant de ne plus pouvoir visiter la tombe de celle qui est restĂ©e en France » page 416. LĂ©opoldine se noie dans la Seine avec son mari Charles Vacquerie le 4 septembre 1843 ; c’est le mĂȘme pĂšre inconsolable pourtant qui, le 5 juillet 1845, est surpris en flagrant dĂ©lit d’adultĂšre avec LĂ©onie Biard Ă  Paris, trompant ainsi sa femme AdĂšle autant que sa maĂźtresse officielle Juliette Drouet. Sa vie n’était pas aussi dĂ©peuplĂ©e que certains poĂšmes voudraient nous le faire croire ? Disons plutĂŽt que le travail du deuil selon Freud et l’attachement Ă©perdu Ă  sa fille n’arrĂȘtaient pas le bouillonnement d’une vie amoureuse intense, ou encore que ces passions ne couraient pas sur le mĂȘme plan. On peut mĂȘme imaginer que l’endeuillĂ© multiplie ses amours pour combler un vide lancinant. Mais venons-en aux textes, qui sont sur certains points d’une prĂ©cision clinique. La premiĂšre rĂ©action Ă  la mort de l’ĂȘtre cher est la dĂ©nĂ©gation, ce n’est pas possible, je ne peux pas imaginer ce monde sans elle, sans lui. Voir page 214, le poĂšme IV du livre IV Oh ! je fus comme fou dans le premier moment / 
 Je fixais mes regard sur cette chose horrible, / Et je n’y croyais pas, et je m’écriais Non ! ». Cette dĂ©nĂ©gation forcenĂ©e se renforce d’hallucinations Il me semblait que tout n’était qu’un affreux rĂȘve, / Qu’elle ne pouvait pas m’avoir ainsi quittĂ©, / Que je l’entendais rire dans la chambre Ă  cĂŽtĂ©, / 
 Tenez ! voici le bruit de sa main sur la clĂ© ! / Attendez ! elle vient ! laissez-moi, que j’écoute ! / Car elle est quelque part dans la maison sans doute ! ». Ce poĂšme, datĂ© Ă  Jersey de neuf annĂ©es aprĂšs, dit la permanence poignante de la rĂ©volte des sens et du bon sens, la folie d’une conscience que les regards ne fixent plus, qui n’accommode plus sur une rĂ©alitĂ© devenue insoutenable. Ce magnifique poĂšme qui laisse affleurer la dĂ©mence se trouve corrigĂ©, dans quelques dĂ©licieux poĂšmes suivants V, VI, VII, IX, par la rĂ©surrection, quasi hallucinatoire elle aussi, du bonheur que c’était d’ĂȘtre ensemble. Ici le moi se berce et se recroqueville dans le cocon douillet d’une enfance retrouvĂ©e et qui ne passe pas, ou sur laquelle le temps semble ne pas avoir de prise les jeux avec les enfants, le partage de leurs Ă©lans, de leur tendresse envahissent l’endeuillĂ© et le dĂ©portent dans le temps d’avant ; Hugo montre dans ces pages son immense empathie envers l’enfance et un monde fĂ©minin oĂč le pĂšre endossait le rĂŽle de la mĂšre, oĂč la maison entitĂ© infracassable tenait toute entiĂšre dans la puissance de son regard et de sa voix voir l’amusant rĂ©cit du chef de famille inventant pour sa progĂ©niture des histoires chaque jour renouvelĂ©es, Toujours, ces quatre douces tĂȘtes / Riaient, comme Ă  cet Ăąge on rit, / De voir d’affreux gĂ©ants trĂšs-bĂȘtes / Vaincus par des nains pleins d’esprit », page 221. Le cercle du poĂšte auquel on demande tellement plus la page 212 Ă©numĂšre ses missions pourrait parfaitement se circonscrire et se satisfaire pleinement de ce petit auditoire, J’eusse aimĂ© mieux 
 / Suivre, heureux, un Ă©troit chemin, / Et n’ĂȘtre qu’un homme qui passe / Tenant son enfant par la main » page 212. Dans ces pages illuminĂ©es par son jeune public, Hugo nous dit en passant Ă  quel point son inspiration lui fut dictĂ©e au contact de l’enfance voir V, page 215, Ă  quel point l’art est une enfance – il maintiendra cette affirmation de l’art d’ĂȘtre pĂšre jusqu’à L’Art d’ĂȘtre grand pĂšre 1877. Il faut comprendre, dans le cas de Hugo comme pour tout homme peut-ĂȘtre, que cette enfance n’est pas un Ăąge dĂ©passĂ© mais un gisement toujours accessible, que cette fraĂźcheur n’est pas rĂ©volue mais indĂ©finiment sous-jacente, pour qui sait la capter. L’ñme Ă©chappe Ă  la chronologie autant qu’à l’individu encartĂ© dans un Ă©tat-civil, elle est contemporaine de toutes les Ă©tapes d’une vie. D’autres poĂšmes de la mĂȘme section nous montrent les flux et reflux du deuil, le consentement du poĂšte Ă  l’appel de cette morte Ă  laquelle il s’identifie, son aspiration invincible vers la tombe, Ô Seigneur ! ouvrez-moi les portes de la nuit / Afin que je m’en aille et que je disparaisse » Veni, vidi, vixi » page 225. Victor s’éprouve fini, sa vie est terminĂ©e. Ou bien, sous le vernis apparent d’activitĂ©s entraĂźnantes, voire trĂ©pidantes, le beau poĂšme XI dit aussi l’amertume d’une Ăąme intĂ©rieurement brisĂ©e On vit, on parle, on a le ciel et les nuages / Sur la tĂȘte 
 / Le regard d’une femme en passant vous agite / On aime, on est aimĂ©, bonheur qui manque aux rois » allusion Ă  LĂ©onie Biard rencontrĂ©e l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente ? »  La rĂ©pĂ©tition du pronom impersonnel, comme furent peut-ĂȘtre dans leur succession ces grands actes dĂ©sormais machinaux, bute sur l’alexandrin final, dĂ©finitif dans son absence de verbe, Puis, le vaste et profond silence de la mort ! » pages 222-223, butoir Ă  rapprocher de ce vers lui aussi conclusif, Oh ! l’herbe Ă©paisse oĂč sont les morts ! » page 213. Ces chutes sont des couperets qui guillotinent littĂ©ralement la parole, l’espĂ©rance par elle d’un sursaut. Cette Ăąme survit-elle Ă  la mort physique ? Pouvons-nous soutenir que les morts nous entendent, et que nous avons donc envers eux un devoir de parole, de dialogue ? C’est un autre aspect de l’imaginaire du deuil Ă  l’Ɠuvre dans ces pages, LĂ©opoldine attend son pĂšre, elle dĂ©pend de lui pour se rĂ©chauffer Ă  sa prĂ©sence, ou adoucir sa vie d’outre-tombe. En des passages qu’on peut juger dĂ©lirants, mais tellement conformes Ă  la psychologie de l’endeuillĂ©, Hugo rejoint physiquement LĂ©opoldine, il lui parle et se persuade qu’elle l’entend. Mieux, il compose une bonne part des Contemplations pour nourrir ce dialogue d’outre-tombe le spiritisme n’est pas loin, il doit Ă  sa fille ce livre, son inspiration de poĂšte retourne l’obstacle de la mort pour y puiser. Cette poĂ©tique de la mort est assez exceptionnelle pour ĂȘtre un peu creusĂ©e Certes, la mort de l’ĂȘtre cher nous retire le meilleur de nos raisons de vivre, mais la mĂ©ditation assidue, forcenĂ©e, dĂ©lirante parfois de ce vide, matĂ©rialisĂ© par cette pierre Ă  laquelle le survivant revient se heurter, dĂ©bouche sur des pensĂ©es plus vastes, ou grandioses. Au lieu de tourner en rond, obnubilĂ© par l’absence, la pensĂ©e du poĂšte nie autrement la mort, ou la rachĂšte, en dĂ©couvrant dans la destruction le principe moteur de toute vie. Non seulement tout est plein d’ñmes » alpha et omĂ©ga du credo hugolien, mais de toute mort renaĂźt la vie ; dans le cas de Hugo la vie de ce poĂšme, mais au plan de la nature un grouillement universel, qui sait tirer des haillons de la chair mise en terre de nouveaux sucs qui profiteront aux fleurs, aux papillons qui les butinent
 Voyez le stupĂ©fiant poĂšme malheureusement hors programme des prĂ©pas qui ne le liront pas ! de la section VI Au bord de l’infini », significativement intitulĂ© Pleurs dans la nuit », et particuliĂšrement les trois strophes en haut de la page 320, Fais avec tous ces morts une joyeuse vie, / Fais-en le fier torrent qui gronde et qui dĂ©vie, / La mousse aux frais tapis ! », etc. Il faudrait citer plus longuement les scĂšnes visionnaires et presque euphoriques de cette palingĂ©nĂ©sie universelle, oĂč la roue qui Ă©crase libĂšre de nouvelles forces, oĂč toute putrĂ©faction prĂ©pare une Ă©closion. Comme le dit À Villequier » page 229, toute Ă©dification humaine glissera Ă  l’abĂźme, toute organisation est vouĂ©e Ă  la dĂ©crĂ©pitude, ou selon un imaginaire circulaire central chez Hugo, Que toute crĂ©ation est une grande roue / Qui ne peut se mouvoir sans Ă©craser quelqu’un »  Mais le mĂȘme poĂšme dĂ©chiffre dans cette mort une renaissance ailleurs, ou une crĂ©ation justement, et tout ce ruissellement Ă  l’informe, ou Ă  l’éternitĂ©, ouvre Ă  Hugo un espace rĂ©versible oĂč mort et vie, douleur et joie, profondeur et hauteur, nuit et lumiĂšre glissent l’un dans l’autre, et s’échangent. Le tombeau est un commencement, le sublime est en bas » dĂ©claration capitale de la page 293. Un tombeau fut dĂšs lors le but de tous mes pas » page 422. EpuisĂ© par son deuil, le poĂšte devine que de cet excĂšs de mort sur lui peut naĂźtre une renaissance, ou une vision Ă©largie de sa vie ainsi placĂ©e au bord de l’infini titre du livre VI. Cette mĂ©ditation de l’infini dĂ©centre le poĂšte, arrachĂ© Ă  son frissonnant petit moi, dĂ©sappropriĂ©, dĂ©fait, pour s’ouvrir Ă  de plus grands espaces, Ă  des visions grandioses qui dĂ©cuplent son imagination. Il faut mourir Ă  la condition ordinaire, lĂącher sa perception et sa raison pour entrevoir ces mondes oĂč Hugo pour finir nous entraĂźne. Au livre IV, le poĂšme Mors » esquisse dĂ©jĂ  cette grande loi de rĂ©versibilitĂ© qui prĂ©side Ă  la nature, oĂč la faucheuse change Un trĂŽne en Ă©chafaud et l’échafaud en trĂŽne », et oĂč le cortĂšge des destructions s’efface pour finir sur le visage de l’ange souriant porteur d’ñmes pages 232-233. On ne sait pas ce que peut une Ăąme ; on ne sonde pas les ressources de l’infini. La mort de sa fille a prĂ©cipitĂ© Hugo au nĂ©ant, Ă  la mĂ©ditation incessante, acharnĂ©e des zones d’ombre qui entourent chaque lumiĂšre, Ă  l’intuition maintenue par lui envers et contre toutes les forces d’anĂ©antissement et de dĂ©sastre qu’il y avait quand mĂȘme dans ce chaos un chemin, dans ce labyrinthe une chance Ă  courir, Ă  ne pas mourir. Les Contemplations, livre cathartique, nous enseigne Ă  ne pas nous laisser terrasser, ligoter, mais du fond des plus dures Ă©preuves Ă  retrouver la force de vivre, et de sortir par le haut. Ă  suivre Daniel Bougnoux ThĂšmes associĂ©s

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